Le Report modal de la voiture vers le vélo et les transports en commun : mythes ou réalités ?
À l’aube d’une révolution dans nos habitudes de déplacement, la France se trouve à un carrefour décisif. En 2022, un gigantesque volume de 999,7 milliards de voyageurs-kilomètres a été enregistré, révélant une préférence marquée pour le véhicule personnel (82 %), malgré son impact environnemental considérable.
Lors d’un webinaire de l’URF (Union Routière Française) le 10 novembre 2023, Pia de Bondy (URF), Jean Coldefy (URF, ATEC ITS France), Yves Crozet, Laurent Senigou (Transdev) et Sandra Hoibian (CREDOC), à travers leurs analyses perspicaces, nous invitent à envisager un futur où la mobilité n’est plus synonyme de contrainte mais d’opportunité, un futur où chaque trajet contribue à un environnement plus sain et plus durable.
Avec un tiers des Français ouverts à changer leur mode de transport quotidien pour se rendre au travail ou sur son lieu d’études, la porte est désormais ouverte à des transformations profondes et optimistes dans notre manière de nous déplacer.
Le transport individuel en véhicules particuliers reste le mode préféré des Français


En 2022, la France a atteint 999,7 milliards de voyageurs-kilomètres parcourus sur son territoire. 82% de ces déplacements ont été effectués en véhicules particuliers (VP). Seulement 17% ont emprunté les transports en commun, et une infime part a opté pour l’avion. Plus inquiétant encore, ces déplacements ont généré une émission de gaz à effet de serre de 130,5 millions de tonnes équivalent CO2, dont plus de la moitié provient de notre appétit pour les VP.
Lors de ce webinaire, Yves Crozet a jeté un regard réaliste sur ces statistiques. Il a rappelé que, malgré les années, la part de la voiture en Europe reste haute à 82%, alors qu’elle semblait se stabiliser entre 71% et 73,2% entre 1996 et 2016. Le transport ferré en France, bien que légèrement en hausse de 10 à 12% entre 1990 et 2018, montre la nécessité de compléter les alternatives face à une augmentation du pouvoir d’achat lié à l’auto-mobilité.
Ces chiffres dressent le tableau de notre dépendance croissante à l’égard des véhicules personnels, soulignant notre incapacité collective à rompre avec des habitudes destructrices pour notre planète. À ce rythme, quelle sera l’empreinte de notre passage sur Terre ? Une question qui, dans l’ombre de ces statistiques, pèse lourd sur notre conscience collective.
1/3 seraient prêt à changer de mode de transport pour se rendre au travail ou sur son lieu d’études au quotidien


Sandra Hoibian nous offre un panorama enthousiasmant sur les modes de transport préférés des Français pour se rendre au travail ou dans leur lieu d’études, selon l’enquête « Conditions de vie et aspirations des Français » de septembre 2021 réalisée par le CREDOC pour Transdev. La voiture et le vélo tiennent le haut du podium, un duo dynamique qui montre notre flexibilité et notre volonté d’adopter des modes de transport variés selon nos besoins. Et surprise : le temps et la fiabilité sont les véritables moteurs de nos choix, bien avant le coût !
Un constat inspirant émerge également : 15% des personnes de plus de 18 ans n’ont pas de voiture, et si les jeunes plébiscitent les transports en commun, ils rêvent aussi de liberté automobile, mais avec un œil neuf, peut-être plus vert et partagé. Oui, le covoiturage gagne du terrain, évoluant au gré de l’inflation, preuve de notre adaptabilité et de notre ingéniosité face aux défis économiques.
L’espoir brille aussi pour les mobilités alternatives à la voiture personnelle (VP). Ceux qui optent pour ces alternatives bénéficient souvent d’un environnement riche en services à proximité : de la crèche à la pharmacie, en passant par l’épicerie ou la boulangerie, 60% de ces pionniers ont accès à un éventail de services dans un rayon de 2km, facilitant ainsi leur choix de se déplacer à pied ou en transports en commun.
L’étude révèle que l’âge est le seul facteur socio-démographique influençant significativement notre propension à changer nos habitudes de trajet domicile-travail. La distance reste un critère clé, mais c’est surtout la fréquence et l’accès qui sont perçus comme les obstacles majeurs à l’adoption des transports en commun. Un défi, certes, mais aussi une formidable opportunité d’innover et d’améliorer notre mobilité collective.
Dans cette fresque optimiste, chaque constat est un appel à l’action, un signe que nous sommes sur la voie d’une mobilité plus inclusive, plus verte et plus adaptée à nos vies. Les solutions sont là, à portée de roue ou de pas, nous invitant à repenser nos déplacements pour un avenir plus durable et harmonieux. Quelle époque stimulante pour façonner les chemins de demain !
Les avancées en mobilité nous propulsent vers un futur de déplacements fluides, verts et enthousiasmants


Imaginez un avenir où se déplacer devient une expérience fluide et agréable, où chaque trajet de porte à porte est une aventure optimisée ! C’est précisément ce que Laurent Senigout a illustré avec brio, en revenant sur le succès retentissant de la restructuration du réseau de Nantes en 2013. Cette transformation a non seulement réinventé l’offre à Thouaré-sur-Loire avec l’introduction d’une ligne Chronobus, mais a également marqué un tournant à Rouen, où, entre 2022 et 2023, une hausse impressionnante de l’utilisation des transports en commun, allant jusqu’à 35%, a été observée sur certaines lignes.
Malgré quelques défis, notamment des temps d’attente qui peuvent s’étirer au-delà des 12 minutes espérées sur certaines lignes BHNS (Bus à Haut Niveau de Service), l’enthousiasme de Laurent pour l’avenir des transports est contagieux. Il envisage un « choc de l’offre » révolutionnaire au-delà des cœurs de métropole, où une meilleure compréhension des flux de déplacement pourrait transformer radicalement notre façon de voyager.
Cet optimisme est essentiel pour accompagner le changement d’état d’esprit nécessaire à l’adoption des nouvelles solutions de mobilités. Yves Croizet, quant à lui, adopte une perspective plus modérée, devant des objectifs ambitieux de report modal pour 2030 qui incluent une répartition entre 70% pour les voitures particulières et 30% pour les transports en commun. Il met en lumière les défis économiques auxquels font face les automobilistes et les Autorités Organisatrices de la Mobilité.
Toutefois, l’avenir pourrait être radicalement transformé par la décarbonation des véhicules et l’émergence d’innovations en matière de mobilité.
Si les transports collectifs ont connu un développement significatif au cours des trois dernières décennies, le report modal a été timide, souvent limité par une simple logique additive. Mais l’horizon n’est pas pour autant sombre : la prochaine décennie promet d’être celle des transformations profondes, grâce à des avancées spectaculaires dans les transports collectifs, le vélo, le covoiturage, l’autopartage et d’autres solutions novatrices. Un futur plus désirable et soutenable est à notre portée, si nous sommes prêts à embrasser ces changements avec force et optimisme.
Embrassons ensemble l’avenir de la mobilité, où chaque pas vers l’innovation et le respect de l’environnement nous conduit vers un monde plus vert et harmonieux.


Face aux défis et aux opportunités qui se dessinent sur la route de la mobilité de demain, un vent d’optimisme réaliste souffle sur la France. Les initiatives de restructuration des réseaux de transport, les innovations dans les modes de déplacement, et une volonté collective de réduire notre empreinte carbone nous montrent le chemin vers un avenir plus vert et inclusif.
L’enthousiasme de Laurent Senigout nous rappelle que les solutions existent et que le changement est non seulement possible, mais déjà en cours. Alors que nous nous préparons à franchir ce nouveau seuil, rappelons-nous que chaque pas, chaque pédale, et chaque trajet partagé nous rapproche d’un monde où se déplacer rime avec respecter, innover et s’épanouir. Ensemble, façonnons les chemins de demain, un voyage à la fois.
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